Le 11.06.23, Moni et moi avons répondu à l'invitation de la fondation pro Bartgeier et nous sommes rendus à Melchsee-Frutt pour assister à la réintroduction de gypaètes barbus. Il s'agit du 52e et du 53e gypaète barbu à être réintroduit en Suisse. C'est la deuxième réintroduction à laquelle nous avons pu assister.
En automne (octobre) a lieu la journée internationale d'observation du gypaète barbu à laquelle nous participons toujours. C'est ce que nous faisons depuis 2017. Des bénévoles de différents pays d'Europe participent à cette journée et des photos sont partagées avec assiduité via WhatsApp (Espagne, France, Allemagne, Autriche, Suisse, Bulgarie, Slovénie). Toujours très cool.
Pendant longtemps, les jeunes gypaètes barbus du parc animalier de Goldau (station d'élevage) ont été réintroduits en Suisse, mais ces dernières années, on a pris des animaux d'autres élevages pour augmenter la diversité génétique.
Les gypaètes barbus sont Obwaldera (avec la tête noire), femelle, 3 mois, de Vienne, Autriche et Marco (avec la tête plus claire), mâle, 3 mois, 5,3 kg, de Talin, Estonie. Les animaux ont été transportés dans des caisses de transport en bois jusqu'à leur nid provisoire dans une niche rocheuse, un trajet d'environ 75 minutes à pied.
Les jeunes gypaètes barbus restent environ un mois dans leur niche rocheuse avant de s'envoler et de chercher un nouveau territoire dans les Alpes.
(Remarque de la communication de la SUST : la fascination de Michi pour le vol est également liée à son métier, il est mécanicien d'hélicoptère, ce qui explique le paragraphe suivant 😉)
Je ne sais pas ce que vous savez de cette 'appareil de vol', voici donc quelques données techniques.
Envergure : 2.6-2.9mètres.
Poids : 5-7 kilogrammes.
Maturité sexuelle : 5-7 ans.
Reproduction : max. 1 jeune par an.
Espérance de vie (dans la nature) : 30-40 ans-
Espérance de vie (en captivité) : jusqu'à 50 ans.
Le gypaète barbu est la seule espèce de vautour qui se nourrit exclusivement d'os, principalement d'ongulés. Les jeunes se nourrissent également de viande jusqu'à leur envol.
La dernière preuve de reproduction en Suisse remonte à 1886, près de Vrin GR. Le dernier gypaète barbu des Alpes a été abattu en 1913 en Italie. Il y a plusieurs raisons à cette extinction. D'une part, de nombreux vautours sont morts empoisonnés par des appâts destinés à d'autres animaux, d'autre part, le gypaète barbu n'avait plus de nourriture, car de nombreux ongulés comme le bouquetin, le chamois et le cerf rouge avaient totalement ou presque disparu des Alpes. De plus, les gypaètes ont été activement persécutés par les hommes. Par peur de ce grand oiseau, des primes élevées étaient versées pour sa capture. Le gypaète barbu était également connu sous le nom de 'gypaète des agneaux', mais ce nom n'est plus utilisé aujourd'hui. En tant que charognard, il ne s'attaque ni aux jeunes moutons ni à d'autres animaux, et les histoires selon lesquelles il enlèverait de jeunes enfants ne correspondent pas non plus à la vérité. Aujourd'hui, on estime que plus de 300 gypaètes barbus sont à nouveau présents dans l'espace alpin.
En 1986, les premiers gypaètes ont été lâchés dans les Hohe Tauern (Autriche) dans le cadre d'un programme d'élevage à l'échelle européenne. Des réintroductions annuelles ont suivi en Haute-Savoie (France), dans les Alpes maritimes (France/Italie) et dans le Parc national suisse GR (1991-2007). En Suisse, c'est la fondation Pro Bartgeier qui coordonne les réintroductions.
L'objectif du projet de réintroduction est une colonisation de toute la surface des Alpes et une mise en réseau avec la population pyrénéenne, mais aussi avec les populations en danger de la Corse et de la Crète.
Nous souhaitons à Obwaldera et à Marco un bon vol.